Un vinyle sous le sapin : quand la nostalgie rattrape le présent

24 Décembre 2012


Après avoir été chassé par le CD il y a 25 ans, il fait son grand retour chez vos disquaires et grandes surfaces. Il s’agit bien entendu du disque microsillon, appelé aussi disque vinyle ou encore disque noir.


Tandis que la vente de CD diminue, celle des vinyles augmente. Le contexte actuel joue énormément dans ce retour en arrière : en ces temps d'incertitude, quoi de mieux que les valeurs sures du passé ? Le vinyle est plus qu’un objet, il transmet une émotion à chaque détenteur qui vous racontera son histoire.

Depuis quelque temps, les CD ne proposent plus de pochettes et de livrets complets contrairement au vinyle, qui, de par sa dimension, propose plus de contenu annexe. Cette redécouverte vient par ailleurs de l’engouement pour les brocantes, véritable phénomène de société. De nombreux chineurs transmettent ainsi leurs vinyles à la nouvelle génération. Parallèlement, la consommation de tourne-disques s’accroît, malgré une préférence d’acquisition lors de vide-greniers ou par l’héritage des grands parents qui n’en ont plus l’utilité.

A travers cet objet, se transmet un rituel. Un vinyle ne s’écoute pas dans n’importe quelle condition. La mise en place, véritable mise en scène, est précise : il faut placer le vinyle sur la platine, puis mettre le bras avec la tête de lecture sur la première piste en écoutant les premiers craquements du sillon. Le pianiste du groupe Winter Family, Xavier Klaine, avait résumé en une seule phrase ce rituel si particulier : « l’acte de se lever, de sortir le vinyle de sa pochette, de le poser, tend à rendre l’écoute laborieuse donc réfléchie. »

Le vinyle reste une source de qualité sonore. La numérisation des chansons sous format mp3 a fait perdre de la qualité au son, de même que la lecture laser, qui, à long terme, ne permet pas la longévité des chansons. Mais le vinyle, de par sa composition, va à l’encontre de la nouvelle génération de « zappers » il est difficile de télécharger un vinyle contrairement à un CD qui, sous format mp3, s'adapte parfaitement à la lecture par ordinateur. Or, si le vinyle n’a pas totalement disparu, c'est grâce à la culture hip-hop et aux DJs qui l’utilisent encore pour des raisons pratiques.

Étonnamment, alors qu’on numérise de plus en plus notre musique pour en faciliter le transport, les ventes de vinyles ont fortement augmenté au début des années 2000 et ce phénomène se poursuit. Certains disquaires affirment que leurs ventes sont en constante progression. Aux Etats-Unis, les ventes de vinyles ont connu une hausse de 25% entre 2009 et 2010 et près des 2/3 des CD single sortent en 45 tours au Royaume-Uni.

Les Américains ont même créé une journée annuelle de promotion, organisée par les disquaires indépendants : c’est le Record Story Day qui a lieu le troisième samedi du mois d’avril depuis 2008. Ce concept sera par la suite repris dans plusieurs pays d’Europe.

A l’origine, cette journée avait pour but d’inciter les gens à se rendre chez leurs disquaires car, face à la concurrence des grandes distributions et des sites de téléchargement, le nombre de disquaires indépendants avait fortement diminué. Aujourd'hui, ils sont environ 200 en France selon le CALIF (Club action des labels indépendants français) qui soutient les magasins en difficulté, alors qu'on en comptait 3 000 en 1980. Au début des années 2000, 65 % des ventes de disques ont été effectuées en hypermarché.

Le Record Store Day a eu lieu pour la première fois en Europe en 2009 grâce à la participation de 250 magasins situés dans 16 pays, dont 80 boutiques du Royaume-Uni et 30 disquaires italiens. En 2010, 500 magasins européens ont participé à cette opération. L'édition 2011 a eu lieu dans une dizaine de pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas. Le 16 avril 2011, le Record Store Day a été organisé pour la première fois en France par le biais de l'association CALIF, sous le nom de Disquaire Day. Une centaine de boutiques françaises ont participé à l'opération, à laquelle se sont associés des artistes, notamment Benjamin Biolay et Charlotte Gainsbourg.

Ainsi l’univers musical, qui s’est développé si rapidement en peu de temps, ne s’est-il pas épuisé en chemin. Le Record Store Day et le travail de mémoire musicale des plus anciens soutiennent le marché du disque. Tout comme les plateformes d’écoute sur Internet qui donnent envie au consommateur d'acheter des albums en version vinyle, afin de les conserver et de les transmettre aux générations futures.



Rédacteur (étudiant en licence de science politique). Jeune aspirant au développement du… En savoir plus sur cet auteur